Beau comme la rencontre fortuite sur une table de cuisine d'une machine à coudre et d'un Diddley Bow
One String Willie est bien connu des lecteurs de ce forum et des amoureux, j’en suis, du grand père des instruments de blues, j’ai nommé le Diddley Bow.
Cet homme s’est fait le héraut de ce vénérable instrument, simple à fabriquer, simple à manier mais très subtil à jouer. Je dois à Willie, et à travers son site, la découverte d’un joueur extraordinaire: Eddie «One String» Jones et de son unique album, assez rare à trouver, et plus proche de l’ethno-musicographie que de l’enregistrement pur, et j’y reviens souvent en me demandant comment ce diable d’homme arrivait à sortir autant de sonorités d’une seule corde frottée avec une bouteille de verre, tapée par un morceau de bois,et "amplifiée" par une seule boite de conserve.
Le site de One String Willie (en anglais) est littéralement truffé de ce genre de pépites comme de conseils pour construire son propre Diddley Boy et une approche philosophique du Do It Yourself (Fais le Toi Même) comme de l’apprentissage de la musique avec une seule et unique corde.
Mon royaume pour une guitare
Les CBG et les Diddley Bow sont des instruments nés de la nécessité des plus démunis de s’exprimer à travers la musique avec les moyens et les ressources qui étaient les leurs, c’est à dire à peu prés rien. Ce sont pratiquement des objets de survie et ils ont été arrachés non pas au cœur d’un arbre solide et à l’essence rare mais à des rebuts jetés aux poubelles, des palissades ou des planches abandonnées. Leur construction n’en n’était pas moins soignée mais faite avec les moyens et outils du bord et seule la conviction et l’art de leur propriétaire-concepteur étaient capables de leur donner vie. J’écrirais un jour sûrement sur cette passion renaissante et ce retour «aux sources».
Retour paradoxal car la plupart des premier bluesmen n’avaient qu’une idée en tête: s’acheter une "vraie" guitare et abandonner au plus vite ces instruments primaires et preuves de leur pauvreté évidente, alors que nous, plus riches que ne furent ces hommes ne rêvons que d’en construire un. Dans le confort douillet de notre atelier plus ou loins rangé, entouré d’outils chromés de prix, il est vrai.
Un paradoxe.
Une corde ou rien et un micro vite fait, bien fait...
Quoiqu’il en soit One String Willie à choisi une voie unique celle de l’instrument à corde... unique justement. Une planche, une mécanique, un résonateur et la fameuse corde, c’est tout. Plus simple il n’y pas du moins dans cette catégorie d’instrument. Quand il a décider de rajouter un micro électromagnétique Willie l’a fabriqué lui même mais en y appliquant la philosophie de la simplicité qui caractérise sa démarche d’artiste et la fabrication des Diddley Bow et autres CBG. Qu’est ce qu’un micro finalement? C’est un aimant entouré de fil de cuivre, ni plus, ni moins. Partant de ce constat Willie a inventé un système simplissime pour parvenir à ses fins. Pas de moteurs à monter avec des guides fils et un compteur numérique ou digital, non, juste une machine à coudre et des canettes de fils.
Cette méthode Willie l’a détaillées dans 3 sources.
- La première sur son site est entièrement textuelle,et donne la base de comment fabriquer vos micros
- la seconde avec quelques images est sur le site de Make (ou l'on trouvera aussi un article de Willie sur comment fabriquer un Diddley Bow), et enfin,
- la troisième avec moult détails est sur l'excellent livre de David Sutton The ultimate DIY guide for makers and players of the handmade music revolution, chez Fox Chapel Publishing trouvable dans n’importe quel site de vente sur la toile et que je recommande chaudement (voir mon article sur le sujet)
Bon temps rouler
En gros on se sert de la machine à coudre comme d’une bobineuse, jusque là rien d’extraordinaire. Willie va plus loin dans la simplicité en se débarrassant du compte tour et en remplissant des canettes de fil en plastique avec du fil de cuivre pour micro. Quand la canette est pleine Willie en fait une autre, puis une autre, autant que sa patience et son emploi du temps le permet. Puis il isole le fil d’entré et de sortie et plonge les canettes dans un mélange de paraffine et de cire d’abeille jusqu’à ce qu’elles soient recouvertes du mélange puis il les sort.
Et l’aimant me direz vous?
C’est là ou cela devient génial. One String Willie a pris soin de choisir des canettes dont le diamètre du fut central évidé laisse passer un aimant long et circulaire de type AlNiCo qu’on introduit. On a donc une bobine de cuivre entourant un aimant et donc au final un micro. Il suffit alors de coller le ou les bobines sur un morceau de bois et de souder les deux fils sur deux supports métalliques ou l’on soudera/connectera une sortie jack et/ou un potentiomètre si le cœur nous en dit.
Il est clair que l’on n’aura pas au final un humbucker de chez Gibson ou Seymour Duncan mais on devrait être surpris du résultat et surtout des champs du possible offerts par ces micros "improvisés". Le seul défaut de la méthode il faut négocier avec la propriétaire de la machine à coudre mais un bouquet de fleur ou une sérénade à son honneur sur l’instrument nouvellement électrifié devrait suffire à arranger les choses ;0).
Simplifiez, simplifiez, simplifiez
J’ai contacté Willie pour lui demander la permission de publier cet article et de citer ses différents articles. Ce qu’il a accepté. J’étais aussi fier d’avoir trouvé un petit appareil, assez cher (90€) mais selon moi pratique: le Simplicity Deluxe Winder, une bobineuse portable de canette et de partager ma trouvaille avec Willie.
Voilà sa réponse: «Si tu n’as pas une vieille machine à coudre, la bobineuse à canette semble bonne quoique un peu chère pour ce que tu veux en faire.» I
Il a raison, et je me demande si je ne vais pas utiliser mon vélo d’appartement à la place.;0) Quand on rentre dans le monde de la CBG on apprends vite que la simplicité c’est la liberté et l’art de faire beaucoup avec peu.
Bon bobinage.
Comments
Je pense me faire patronner par Arnaud de Montebourg pour du "Made in France" ;0)
zy va TSB, tu nous fais un pickup pour voir ? Y en a assez d'enrichir les ricains et la douane !